Homélie Sainte Marie — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Sainte Marie

Par dom Ginepro

Marie Mère de Dieu

Introduction

Fêter en Marie la Mère de Dieu, c'est célébrer en elle cette attitude humaine si précieuse que nous appelons : PAIX. Plus qu'humaine, nous devrions l'appeler : disposition divine. Et Marie est la mère de Jésus, qui est, lui, la paix, notre paix.

Ne soyez donc pas étonnés si mon homélie se concentrera sur la paix, vers laquelle nous aspirons, tous ... Et que nous invoquons, au début de cette eucharistie, de cette année avec la miséricorde du Seigneur.

Homélie

Frères, sœurs... La paix...

N'est-elle pas sur la bouche de tous, cette PAIX ? Nous tous, nous abusons de ce terme, qui habite constamment nos discours, au point que, parfois, la paix... ça ne veut plus rien dire. Dans notre vie familiale, communautaire, nous l'invoquons souvent. Dans les controverses syndicales qui sont à honneur en cette période-ci, que de fois nous entendons parler de paix sociale... Il est terrible de penser qu'en certains pays plusieurs générations ne l'aient jamais connue ; des personnes comme vous et moi n'expérimentent, depuis toujours, que la violence et la guerre ! Ne l'ayant jamais vécue, pour eux le mot : « Paix » n'est qu'un mirage sans consistance. Et nous le savons, là où règne l'injustice, l'humiliation, l'apartheid, la corruption il n'y a pas de paix possible ; là où on bâti les murs de séparation, tous les efforts pour l'imposer sont voués à l'échec ; car on peut imposer la guerre, pas la paix ! A propos de guerre, d'où vient la guerre sinon du fait qu'on n'arrive pas à admettre, à respecter la diversité de l'autre, de ceux qui vivent à côté ou en face de nous ? La guerre vient toujours de la volonté de domination sur les autres.

Dans l'Evangile, quand Jésus envoie ses disciples en mission, il dit précisément ceci : « Quand vous entrez chez quelqu'un, dites : Paix à cette maison ! S'il y a un fils de la paix, votre paix descendra sur lui ; autrement elle reviendra sur vous ». Deux remarques : d'abord, il faut être en paix avant de pouvoir la donner aux autres. Et puis, qui sont ces « fils de la paix » ? Mais c'est chacun de nous, si nous voulons bien prendre au sérieux cette invitation du Christ. La paix est au coeur de la mission des disciples que nous sommes. La maison dont parle Jésus est toute famille, toute communauté, tout Pays, tout continent, toute réalité dans sa spécificité et son histoire. Et donc c'est aussi notre maison commune, la Terre, tellement maltraitée par nous qui l'habitons. « Si tu veux la paix, prépare la guerre », disaient les anciens dominateurs du monde ; c'est ce que répètent, aussi, ceux d'aujourd'hui. C'est pour cela qu'ils fabriquent leurs armes de destruction massive les plus sophistiquées et se réjouissent d'inventer des missiles de plus en plus performants, plus rapides que ceux des autres, de leurs propres ennemis. Mais non, la paix n'a vraiment rien à voir avec les avions de chasse et les fusées balistiques de la dernière génération ; elle est plutôt comme une fleur fragile qui pousse au milieu des pierres ; il faut l'arroser, la cultiver. Une fleur qui pousse — étonnamment - au milieu des pierres de la violence de ceux qui veulent imposer aux autres leur point de vue. Car il est vrai que nous pouvons la trouver partout, cette paix. La preuve ? Nous la trouvons déposée dans une mangeoire ; elle a le visage d'un enfant à qui on a refusé l'entrée dans une maison : « pas de place pour toi, moi seul ai le droit d'exister ». Et oui, la paix nous pouvons la semer partout dans notre quotidien. La paix, nous devons souvent être prêts à la donner avant de la recevoir.

Sommes-nous capables de donner la paix autour de nous ? De la partager, de la construire avec l'autre : mon proche, mon conjoint, mon frère, l'étranger, le souffrant ? La paix est un choix, un style de vie, le fruit et la source d'une vraie conversion. Je sais ce que vous pensez, et à raison, d'ailleurs : qu'il est beaucoup plus facile de parler de la paix que de la vivre. C'est vrai. Heureusement, nous connaissons des personnes qui rayonnent tout simplement la paix ! Quelle chance avons-nous quand elles croisent notre chemin ! C'est pour cela que je vous invite à vivre, aujourd'hui, un geste sincère de paix. Ce sera notre manière concrète de la construire.

Que cette eucharistie nous rapproche davantage à la paix tant attendue. Ici, aujourd'hui, elle se fait, pour nous, nourriture.