Homélie - Présentation — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - Présentation

¨Par dom Ginepro

La liturgie juive du temps de Jésus accompagnait par ce beau geste la naissance du premier né: les parents offraient, consacraient l'enfant au Seigneur, dans le temple. D'où le nom de présentation. Dans le cas spécifique de Jésus, cette offrande de Marie et Joseph prend une signification toute particulière, évidemment, car l'enfant reçoit le nom de IOSHOUA = Jésus : « Celui qui sauve ».

Le pape Jean-Paul Il en a fait l'occasion pour souligner le rôle de la Vie Consacrée qui se veut avant tout don gratuit au Seigneur. Un don gratuit pour l'Église, pour nous tous, donc, que nous soyons religieux ou non.

Il est évident que, de la part de ceux qui s'y engagent, on ne le fait pas une fois pour toutes. Non, on commence bien un jour (et généralement, ce qui posent cet acte sont très fiers de la faire), mais il faut ensuite renouveler cette démarche, cette offrande, l'actualiser, tous les jours et en tout moment, et là, c'est toute une autre histoire.

La Vie Consacrée se veut être un don et un don est, avant tout, une offrande gratuite, un don qui se fait devant tout le monde, aussi. Tous deviennent témoins de cet acte libre et personnel.

Si nous réfléchissons, la Vie Consacrée n'est qu'une manière, particulière il est vrai, de vivre notre baptême. Et en tant que telle, ne peut que commencer par l'invocation de l'aide du Seigneur et la prière de chacun. Car il faut ensuite pouvoir persévérer dans cette attitude, qui ne peut pas être seulement une question d'enthousiasme ou d'émotion d'un moment.

Oui, la vie consacrée, au-delà de tout triomphalisme ridicule est comparable à une petite flamme fragile exposée à tous les dangers. Mais comme elle est importante ! Elle donne du sens à une vie et éclaire autour d'elle. En tout cas elle peut le faire. Voilà le symbole de nos bougies. C'est pour cela que ceux qui s'y engagent demandent le soutien de toute l'Église, de tous les autres baptisés, d'aujourd'hui et d'autrefois ! Ce ne peut pas être un chemin solitaire.

Cela me fait penser à une belle icône que nous, moines de Tamié, avons à l'entrée de notre réfectoire. On peut y voir un vieux moine tout courbaturé et à la longue barbe blanche, porté par un moine au visage jeune. La position (symbolique) des deux est étrange et quelque peu invraisemblable : on peut se demander comment les deux peuvent avancer dans cette inconfortable posture... Le jeune, à la bure brune est tout courbé sous le poids de l'ancien ; il le tient sur son dos par les poignets. Le cadre ambiant est très dépouillé et escarpé. On peut imaginer une démarche difficile. Au-dessus de la montagne, un soleil rayonne sur le paysage désertique où la verdure est rare...

On peut y lire : Aghia Koinonia : Sainte Koinonia (Sainte Communion). Le psaume 148 dit : « eunes et vieux, tous ensemble ». Voilà une image saisissante de la vie consacrée. Chacun avec sa couleur, son âge, sa sagesse et son énergie ou sa faiblesse ; ce qui peut aussi se lire : chacun a bien sa manière différente de concevoir la réalité. Mais, ensemble, on avance... en se portant. En se portant !

Dans l'évangile nous avons lu que le vieillard prend dans ses bras l'Enfant. Lui aussi le porte. Siméon porte la Sauveur du monde. Voilà ce qui peut nous arriver sur les chemins, parfois escarpés, de nos vies.

De tous, religieux ou non, nous pouvons porter le Seigneur. Et il nous porte, bien sûr.