Homélie Pâques Lundi — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Pâques Lundi

Par Frère Gaël

Au terme d’un long sabbat

C’est comme si le temps s’était arrêté, comme si le monde était entré dans un long sabbat. Les déplacements, les activités sont limités, chacun est invité à rester chez soi.

Les femmes qui ont vu la pierre fermer l’entrée du tombeau (Mt 27, 60-61) sont revenues chez elles. La mort semble avoir triomphé sur la vie. Après ces événements, tout le monde retient son souffle. Après le dernier baiser du traître, qui oserait s’embrasser ?

Au matin du premier jour de la semaine, les femmes n’y tiennent plus (Mt 28,1)… elles ne tiennent plus dans ce confinement de sabbat qui touche à sa fin. N’a-t-il pas dit qu’il ressuscitera le troisième jour ? Elles arrivent au tombeau… et elles trouvent la police, surveillant les allées et venues. Que faire ? Les disciples sont sagement confinés dans la chambre haute. Pas d’attestation de déplacement dérogatoire à présenter. Le temps s’arrête à nouveau. Vont-elles être arrêtées elles aussi ? Recevoir une amende ou aller en prison ? Il est interdit de s’approcher d’un mort, de faire des rites funéraires, de revoir une dernière fois le visage de celui qu’on aime. Le mort est dangereux, banni, sous scellés, retiré du monde des vivants. Ce n’est pas le moment d’avoir des sentiments, de la compassion pour celui qui n’est plus ! Voilà comment on a traité Jésus, comment on traite les covidés aujourd’hui ! (« covidés » = néologisme à propos de ceux qui sont victimes du covid-19)

C’est dans ce monde où le temps est comme suspendu en un sabbat sans fin que survient, tel un éclair, l’éternité. L’ange a roulé la pierre (Mt 28,2), déclarant que la mort est morte, que le confinement est terminé : « Allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts. Voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez’ » (Mt 28,7) Un autre âge commence, la Vie a surgi du tombeau. Les femmes n’osent y croire, « remplies à la fois de crainte et d’une grande joie » (Mt 28, 8). Nous non plus, frères, avec l’humanité entière, nous n’imaginons pas la fin de notre sabbat. Pourtant, au cœur de notre foi, le mystère pascal ne cesse de nous pousser vers le terme : la Vie a vaincu la mort !

Les femmes, en courant vers les disciples, rencontrent le Ressuscité de Pâques. Enfin elles peuvent le toucher, l’embrasser. Nous aussi, tous ceux qui croient en Lui, nous Le trouverons sur le chemin. Et déjà dans la foi, nous redisons : « Christ est ressuscité ! » Et nous répondons : « Il est vraiment ressuscité ! »